Pédagogie

Nos trois axes principaux

1. L’émerveillement amène le respect

L’enfant est cet être merveilleux qui s’adapte, et surtout, qui s’émerveille, sans cesse. Cultivons cet émerveillement. Cet émerveillement, selon nous, s’articule autour de deux axes : la nature et l’art (les dix arts). Comme Montaigne l’affirmait, « l’enfant n’est pas un vase qu’on remplit, mais un feu qu’on allume ».^[1]Allumons sa créativité par l’émerveillement, faisons grandir son respect de lui, de l’Autre et de la nature par le Beau.

Nous sommes convaincues qu’un contact fort et répété avec la nature appelle l’enfant à une meilleure expression de lui, à plus de créativité, à plus d’éveil sensoriel, de responsabilité, d’émerveillement et de joie. Céline Alvarez l’affirme : le milieu au sein duquel les enfants apprennent et évoluent est primordial pour son bon développement.^[2] Nous avons la conviction qu’un environnement en pleine nature, beau donc, par définition, est ce milieu sein qu’il faut à l’enfant.

Ensuite, nous avons pu constater, avec joie, qu’introduire l’art, tous les jours, en le ritualisant, dans le quotidien des élèves, leur amène de la réflexion, de l’esprit critique, de la culture générale et de la confiance en leurs idées. Cette année, Madeleine mène un rituel d’art dans sa classe où, chaque matin, 20 minutes sont consacrées à l’analyse d’une œuvre d’art selon un thème de la semaine. Comme nous leur disons souvent : « on ne se trompe pas en art » ; cela les incite à participer, et à exprimer leur créativité lors de la journée où nous mettons l’art en pratique.

^[1] Laurence Famelart. UE2030 Pscyhologie des apprentissages. Octobre 2018. ENCBW.
^[2] Céline Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant, Paris, Les Arènes, 2016, p.42.

2. La confiance en soi vers plus d’autonomie

Par la pédagogie positive, redonnons à l’enfant l’idée qu’il est un être formidable, rempli de capacités uniques, et qu’il peut réussir. En ayant confiance en lui, l’élève croit en ses capacités, et retrouve une vraie motivation à avancer, seul ou en groupe. On parle même de « dynamique motivationnelle », car elle prend plusieurs facteurs en compte. Elle pourra réellement enclencher « l’engagement cognitif » de l’élève. Il acquiert alors davantage d’autonomie.^[1]

^[1] Laurence Famelart. UE2030 Pscyhologie des apprentissages. Octobre 2018. ENCBW.

3. La pédagogie de la perception pour une meilleure gestion de ses émotions et de son corps

Un enfant doit bouger, apprendre par le corps, par ses sens et par ses émotions. Nous croyons en la psychomotricité intégrée : par exemple, apprendre un poème dehors, en devant mimer des strophes par groupe, puis les présenter à la classe, permet à l’enfant de s’établir des repères corporels en fonction des vers, et à ainsi mieux les retenir.

Ensuite, les émotions influencent notre quotidien ; c’est pourquoi nous devons tous apprendre à les repérer, les nommer, afin de pouvoir aller de l’avant. Elles influencent également les apprentissages : elles conditionnent les capacités d’attention, et donc de mémorisation.^[1] Comme dit l’orthopédagogue Perrine Bigot, dont nous avons suivi des formations, aidons l’enfant à exprimer ses émotions, car « émotions déposées, émotions réglées, et le travail peut commencer ».^[2] Nous constatons chaque jour les bénéfices notoires de prendre dix minutes afin que chaque élève s’exprime sur son émotion, justifiée ou non. D’un point de vue scientifique, les neurosciences affirment que, pour que le néocortex actionne la dynamique cognitive et la mise au travail optimal de l’enfant, les deux autres parties du cerveau, à savoir le reptilien et le limbique, doivent être mises dans les meilleures conditions.^[3] Les émotions se retrouvent dans la partie limbique. Exprimer ses émotions permet de les maitriser, de lâcher prise, et d’être donc réconforté, ce qui provoque l’engagement cognitif et la mise au travail.

Dans cette optique, nous croyons également aux bienfaits de la méditation et du yoga, que nous exerçons d’ailleurs nous-mêmes personnellement. Nous avons déjà utilisé les méthodes de Frédéric Lenoir et d’Eline Snel plusieurs fois dans nos classes, avec des effets bénéfiques remarqués immédiatement : une sérénité générale au sein du groupe, ou aider les enfants qui rencontrent des difficultés de planification à se recentrer sur l’essentiel.^[4]

^[1] Audrey Akoun, Isabelle Pailleau, Apprendre autrement avec la pédagogie positive, Paris, Eyrolles, 2018, p.79.
^[2] [En ligne]. https://www.atzeo.com/auteurs/perrine-bigot/.[Consulté le 20/01/2022].
^[3] Laurence Famelart. UE2030 Psychologie des apprentissages II. Le cerveau et la mémoire. 8 octobre 2020. ENCBW.
^[4] Frédéric Lenoir, Philosopher et méditer avec les enfants, Paris, Albin Michel, 2016; Eline Snel, Calme et attentif comme une grenouille, Paris, Les Arènes, 2017.

Nos objectifs pédagogiques

Les objectifs pédagogiques de notre projet scolaire sont l’acquisition d’une rigueur de travail (terminer correctement le travail commencé), d’une organisation, d’une méthodologie et d’une ouverture culturelle qui permettront à l’enfant d’acquérir le CEB à 11-12ans. Comme le répétait une psychopédagogue formidable de la Haute École Léonard de Vinci : « nous allons vers le même objectif mais en empruntant des chemins différents », ce qui renvoie à l’essence même de ce que nous appelons dans le jargon professoral « la différenciation ».^[1]

A travers ce projet scolaire, nous apportons un regard plus juste sur chaque enfant et son développement. Nous l’aidons à s’élever dans son unicité à travers des valeurs telles que le respect, envers lui-même, l’Autre et la nature, l’entraide et le goût du travail bien fait, au sein d’un enseignement qui ait du sens dans sa réalité. Notre objectif est donc, à l’instar de la pédagogie finlandaise dont les élèves travaillent ensemble en se questionnant les uns les autres au sein de projets communs, de travailler par des projets imaginés par les enseignants et les élèves, où nous introduirions les apprentissages afin d’atteindre les compétences requises par chaque cycle scolaire.

A travers cette éducation holistique, c’est-à-dire intégrale, englobante et transversale, nous nous engageons à mettre tout en œuvre pour que l’enfant se sente épanoui à l’école et dans ses apprentissages tout en restant rigoureux quant au travail bien fait et à l’obtention de son CEB.

Selon notre point de vue, la pédagogie alternative est avant tout une posture, une connaissance de l’enfant et de ses fonctionnements ; c’est accepter que chaque enfant soit unique, avec ses forces et ses maladresses. Notre travail est de l’accompagner dans son développement pour que les valeurs que nous défendons fassent de lui une belle personne pour demain, prête à œuvrer pour un monde juste et bon.

^[1] Laurence Famelart. UE203B : Différenciation et Evaluation des apprentissages. septembre 2018. ENCBW.

Une journée à L’École à Ciel Ouvert

A l’instar de l’École finlandaise, les matinées seront rythmées par les apprentissages « classiques » en classes flexibles. Les élèves de maternelles seront rassemblés dans une classe dite « verticale » au sein de la pédagogie Montessori, où tous les âges travaillent et évoluent ensemble, au contact des uns et des autres. Lors de trois après-midis (programme évidemment adaptable) par semaine, les deux sections (maternelles et primaires) seront rassemblées. Ces moments seront axés, comme l’École finlandaise, sur le développement personnel et créatif de l’enfant à travers l’art, la nature, le jeu (qui est selon le pédagogue du 20^ème siècle Friedrich Froebel « une chose de profonde signification qui, lorsqu’il met en action toute la créativité et l’inventivité de l’enfant, permet aux enfants d’appréhender le monde »^[1]), des balades, la création d’une pièce de théâtre, des temps simplement de jeux de société, du yoga, de la méditation, du maraichage, de la cuisine, de la couture, la visite d’un intervenant (tous métiers voulant se présenter ou acteurs de la biodiversité dans le lieu verdoyant où l’école est implantée : le lieu accueille déjà un ornithologue, une apicultrice, une artiste, deux serres cultivées, des bacs potagers en permaculture, un vétérinaire, des chevaux et un verger. ).
Enfin, par la connexion à la nature, aux autres et à soi-même, notre école éveille à la spiritualité.

^[1] Madeleine Deny, Anne-Cécile Pigache, Le grand guide des pédagogies alternatives, Paris, Eyrolles, 2017, 17-19.

Les maternelles

Nous souhaitons que vos enfants soient propres. Une salle de sieste est évidemment proposée aux enfants qui le souhaitent.

L’objectif pédagogique des maternelles est surtout d’acquérir une autonomie basée sur trois compétences fondamentales :

– La mémoire de travail : pouvoir garder en mémoire des informations et les organiser.

– Le contrôle inhibiteur : inhiber les distractions pour rester concentrer, contrôler ses impulsions, ses émotions, ou les gestes inappropriés.

– La flexibilité cognitive : être créatif et savoir ajuster ses stratégies en cas d’erreur.

Le matériel mis à disposition des enfants est essentiellement Montessori et l’institutrice est formée à la pédagogie Montessori auprès d’un centre de formation reconnu.

Les primaires

L’objectif pédagogique de notre projet scolaire reste l’acquisition du CEB pour chaque élève aux âges de 11-12ans. C’est pourquoi deux enseignant.e.s primaires seront présent.e.s pour guider les enfants et assurer les acquis à travers une pédagogie dite de la « différenciation » (différencier signifie, selon nos psychopédagogues de la Haute École Léonard de Vinci, « aller vers le même objectif, mais par des chemins différents ; cela renvoie donc au fait que le.a. professeur.e. suive le rythme de l’enfant et lui propose le matériel qui lui conviendra le mieux.

En fonction du nombre d’élèves inscrits, la section primaire sera divisée en deux groupes : les 1ères, 2èmes et 3èmes primaires, ainsi que les 4èmes, 5èmes et 6èmes primaires. Nous croyons aux avantages des classes dites « verticales », pour l’apport tant pédagogique que relationnel que les plus âgés peuvent apporter aux plus jeunes, mais aussi inversement. Nous le constatons au sein de familles composées de plusieurs cousins d’âges différents : les aînés prendront les plus jeunes sous le bras, et les plus jeunes continueront à animer cet esprit de jeu si nécessaire à l’épanouissement de chacun. Nous formons deux groupes afin que les moments de travail restent des moments de concentration. Mais les 6 tranches d’âges peuvent évidemment aussi être mélangées à certains moments.

Les pédagogues dont nous nous inspirons

Maria Montessori

Maria Montessori est la première femme médecin d’Italie ; elle est psychiatre et psychologue, c’est son doctorat qui l’emmena à l’observation du développement de l’enfant. A 25 ans, en 1907, elle se vit confier le projet de créer une école dans un quartier pauvre de Rome afin de parer au désordre causé par les enfants dans la rue.

Nous listons ici les aspects de la pédagogie de Maria Montessori que nous souhaitons reprendre à L’Ecole à Ciel Ouvert :

– La mission sociale que porta Maria Montessori, à travers son « éducation à la paix » : c’est dans le contexte de l’entre-deux-guerres qu’elle désira inciter les enfants à la coopération plutôt qu’à la compétitivité ;

– Son intérêt pour l’environnement où évolue l’enfant ; une atmosphère d’ordre et de calme permet un meilleur développement, afin de lui permettre de choisir librement et d’observer ;

– Son intérêt pour la nature : « Entre l’enfant et les êtres vivants dont il a pris la responsabilité, il s’établit une correspondance mystérieuse qui pousse le petit à accomplir, sans l’intervention de l’adulte, certains actes déterminés qui le conduisent à l’ « auto-éducation ».

– L’importance de la manipulation et d’aider les enfants à aller jusqu’au bout de leur tâche ;

– La progressivité des activités, réalisées selon le rythme de l’enfant (ni trop tôt, ni en trop grande quantité) ;

– Le matériel Montessori, que nous utiliserons, nous inspire également pour le matériel et les ateliers que nous créons, grâce à ses caractéristiques essentielles : l’enfant peut contrôler l’erreur lui-même sans appeler l’adulte, le matériel est beau et motive donc l’enfant à manipuler.

– L’adulte, en tant qu’accompagnateur de l’enfant, se doit de poser une discipline, un cadre, qui va rassurer l’enfant. Les parties reptilienne et limbique du cerveau de l’enfant doivent être optimales afin que le néocortex, la partie de l’apprentissage, puisse s’activer et permettre à l’enfant d’apprendre. En mettant des règles, l’adulte assure une sécurité nécessaire et réconfortant la partie limbique de l’enfant, siège de notre gestion des émotions, qui peut ainsi se mettre au travail.

Reggio Emilia, la pédagogie lancée par Loris Malaguzzi

La pédagogie Reggio a vu le jour après-guerre dans l’Italie septentrionale. Ses mots-clefs sont culture, démocratie et liberté. C’est Loris Malaguzzi, instituteur et psychologue qui lance, avec d’autres personnes de son village Reggio, cette école en étant convaincu des potentialités immenses que les enfants et les adultes possèdent, et de la nécessité de les développer ensemble.

Nous listons ici les aspects de la pédagogie Reggio Emilia que nous souhaitons reprendre à L’Ecole à Ciel Ouvert :

– Le dialogue et les relations sociales sont les points centraux de cette pédagogie, ce qui les encourage à acquérir un avis personnel ;

– Les enseignants ont pour mission d’organiser, d’écouter, de revercher, de documenter la vie de classe, d’échanger. Ils observent et travaillent pour optimiser le développement des connaissances, des talents et des potentiels de chaque enfant. L’instit’ aide les enfants à se poser des questions, il est un accompagnateur qui aide l’enfant, être doué plein de potentialités, sur son chemin.

– Ce vivre ensemble est valorisé dans leur pédagogie par projets, par petits groupes travaillant en coopération, ce qui développe l’autonomie de l’enfant. L’objectif de cette approche par projets est d’inciter les enfants à apprendre le plus possible sur un sujet ; l’enfant est libre d’évoluer sur son travail tout en étant suivi par l’instit’. Chaque projet est un travail de recherche sur un sujet en lien avec le vécu et les expériences des enfants. Il est constitué d’un début, une action accomplie, et une conclusion. Sa durée varie.

– Le rôle de l’atelierista (l’artiste-éducateur) est d’organiser la partie artistique de l’école, mais aussi d’assurer les multiples façons de s’exprimer artistiquement et d’aborder les apprentissages sous un angle artistique.

– L’enseignant doit aider l’enfant à développer ses « cent langages », des langages (exemple : graphique, corporel, symbolique, fantastique, sensoriel, plastique, musical, scénique, digital, scientifique, architectural, parmi tant d’autres, ainsi que les classiques tels que la parole, le dessin et l’écriture) à combiner entre eux afin d’améliorer les apprentissages.

– L’image de l’enfant forte et optimiste : chaque enfant nait doté de nombreuses ressources et potentialités extraordinaires ;

– L’atelier, dans les écoles Reggio, est le lieu où les enfants développent particulièrement leurs capacités créatives. L’atelierista leur montre une technique, ensuite les enfants ont à leur disposition une grande diversité de matériels à utiliser pour créer ;

– L’environnement est le troisième professeur : le lieu de l’école est un interlocuteur éducatif indispensable ; il se doit d’être chaleureux, vivant et invitant à la création ; c’est un grand atelier de découvertes et d’apprentissages.

La pédagogie finlandaise

La pédagogie finlandaise, qui vise le bien-être et la performance de l’enfant, est une des mieux placées dans le classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis de sélèves) de l’OCDE. Nous partageons leurs principes de coopération, bienveillance, soutien individualisé, respect du rythme de l’enfant, moments récréatifs et de jeu libres, et une presque absence d’évaluations.

– Le travail coopératif par projets : En favorisant l’intégration des savoirs par la construction d’un projet, l’enfant chemine avec plus d’autonomie, fait des liens et progresse naturellement au sein des différentes disciplines. La valorisation des qualités intellectuelles et humaines des enfants est recherchée au travers d’interactions, et d’un équilibre entre les différentes activités artistiques, manuelles et corporelles réalisées avec eux.

– L’apprentissage par le jeu, par l’interaction libre avec ses pairs de classe ;

– Évaluation : réduites au strict nécessaire, réalisée afin de savoir si l’enfant peut passer au niveau suivant de son apprentissage dans un thème particulier, et non pour remplir un bulletin de points.

– L’enfant a besoin de bouger : nous offrons 10-15 minutes de temps récréatifs entre chaque heure d’apprentissage de la matinée. Les instituteurs finlandais.

– La qualité des ressources pédagogiques : le matériel, l’organisation, les connaissances et le vocabulaire des enseignants, la façon dont on s’exprime, l’environnement, parmi tant d’autres variables.

– Les après-midis sont consacrés au développement artistique, manuel, sportif, et d’éveil des enfants.

– Une alimentation saine et variée ; les écoles du Nord, qui sont totalement financées par l’Etat, proposent des repas sains servis gratuitement aux enfants. Notre école n’étant pas subsidiée, nous ne pouvons malheureusement pas fournir un tel service. Mais nous aimerions pouvoir un jour l’offrir. Nous proposons tout de même aux parents d’amener des collations saines le matin, qui seraient préparées (fruits à couper) par les enfants. Nous souhaitons également que les parents préparent le plus possible d’aliments sains dans les repas de leurs enfants.